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L’Europe en sueur peut tuer deux oiseaux avec une seule pompe

Jun 25, 2023Jun 25, 2023

Une personne se rafraîchit sur la Piazza del Popolo, pendant une vague de chaleur à travers l'Italie, alors que les températures devraient encore augmenter dans les prochains jours, à Rome, Italie le 18 juillet 2023. REUTERS/Remo Casilli

LONDRES, 7 août (Reuters Breakingviews) - L'été caniculaire en Europe a attiré l'attention sur son parc immobilier. Répondre aux températures de 40 degrés Celsius (104 Fahrenheit) sur le continent signifie réduire les émissions de carbone des chauffages à gaz, tout en déployant des moyens de refroidir efficacement les résidences et les bureaux dans une « ère d'ébullition mondiale ». Ce qui est peut-être moins évident, c’est que les pompes à chaleur constituent le meilleur moyen de réaliser les deux.

Continuer à brûler du gaz en hiver et à utiliser des systèmes de climatisation inefficaces en été n’est pas viable. Le premier explique en partie pourquoi le chauffage et l’électricité des bâtiments sont responsables de 10 milliards de tonnes d’émissions de dioxyde de carbone par an, selon l’Agence internationale de l’énergie, soit environ un quart du total mondial. Entre-temps, l'électricité nécessaire pour refroidir une planète plus peuplée d'ici 2050, pendant des étés de plus en plus chauds, pourrait presque tripler pour atteindre 5 800 térawattheures, estime l'AIE. Cela représente le double de la demande actuelle dans l’ensemble de l’Union européenne, à un moment où la demande d’énergie des véhicules électriques est déjà sur le point de monter en flèche.

À l’image de leur nom, les pompes à chaleur sont surtout connues pour leurs capacités de réchauffement. Même par temps froid, ils fonctionnent en captant efficacement la chaleur existant à l'extérieur de l'air ou du sol et en l'utilisant pour chauffer un liquide réfrigérant spécial en gaz. Lorsqu'il est compressé, il se réchauffe davantage. Le pompage de ce qui en résulte autour du bâtiment élève la température à un niveau confortable.

En utilisant des pompes à chaleur, l’AIE estime qu’elle pourrait augmenter le nombre de foyers utilisant de l’électricité sans carbone pour se chauffer d’un cinquième à la moitié du total d’ici 2050. Cela réduirait considérablement les émissions des bâtiments. Mais la véritable solution magique est que les mêmes machines peuvent être utilisées pour s’adapter au changement climatique ainsi que pour l’atténuer. En effet, une pompe à chaleur air-air est identique à un climatiseur conventionnel, lui permettant ainsi de refroidir les bâtiments ainsi que de les chauffer. Lors du refroidissement, les pompes aspirent la chaleur de l’air intérieur et la rejettent à l’extérieur, fonctionnant comme un réfrigérateur.

Le problème est la mise en œuvre. Pour s'adapter aux efforts visant à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C par rapport à l'époque préindustrielle, le nombre mensuel d'installations mondiales de pompes à chaleur devra passer d'un million aujourd'hui à 14 millions d'ici 2050, estime l'AIE. En Europe, seuls 16 % des bâtiments résidentiels utilisent actuellement des pompes à chaleur, selon une étude de l'Association européenne des pompes à chaleur (EHPA) basée sur des données provenant de 21 pays, dont la Grande-Bretagne et la Norvège (non membres de l'UE), avec 20 millions de pompes à chaleur installées. Malgré un record de 3 millions d'unités vendues l'année dernière, 60 millions d'unités supplémentaires sont nécessaires d'ici 2030 pour atteindre les objectifs de zéro émission nette du bloc.

Selon l’EHPA, une pompe à chaleur est environ 30 % moins chère qu’une chaudière à combustible fossile au cours de sa durée de vie, et celles qui en sont équipées ont économisé 262 térawattheures d’énergie depuis 1996. Mais les coûts initiaux sont bien plus élevés. En moyenne, l'achat et l'installation d'une pompe à chaleur peuvent coûter jusqu'à 13 000 $, contre 2 500 $ pour une chaudière à gaz. Pour les pompes air-eau avancées, qui chauffent l’eau ainsi que l’espace, le coût d’installation est encore plus élevé.

La mesure la plus évidente consiste pour les gouvernements à étendre les subventions. Les États membres de l’UE comme la France, l’Allemagne et l’Italie ont déjà introduit des subventions et des réductions d’impôts pour accélérer la transition. Cela, ajouté aux températures étouffantes, a un effet. Les ventes de pompes à chaleur ont augmenté de 35 % en Italie l'année dernière, ce qui en fait le deuxième marché européen après la France, selon les données de l'EHPA. En Pologne, la demande a également plus que doublé.

Pourtant, les perspectives sont loin d’être uniformément positives. En Allemagne, un projet de loi interdisant les nouveaux systèmes de chauffage au fioul et au gaz à partir de 2024 a déclenché un débat féroce sur la décarbonisation, les critiques affirmant que les coûts d'investissement pour des solutions respectueuses du climat comme les pompes à chaleur vont surcharger les propriétaires et les locataires. Les violentes réactions négatives suscitées par cette décision, surnommées le « coup de chaud », ont plongé le gouvernement de coalition d'Olaf Scholz dans sa pire crise depuis son entrée en fonction en 2021.

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